dimanche 22 mai 2011

DSK et nos démons

- Ah ! Les besoins sexuels irrépressibles
L'homme, sans maîtrise ni contrôle sexuel, s’emparant à l’aveuglette des femmes qui éveillent en lui des pulsions, cela n’existe pas. Aucun homme ne s’empare de femmes au hasard. Tout homme sait et a toujours su quelles sont les femmes auxquelles il peut prétendre et celles qu’il ne peut pas toucher : les interdites sont celles qui appartiennent à un plus puissant que lui.
En dessous de lui, seul son gendarme intérieur lui indiquera s’il peut ou non sauter sur sa voisine, sa secrétaire, la bonne et celle femme à qui il peut dire « c’est combien pour une pipe ?»
Ce gendarme intérieur, il est construit par la culture, l’éducation, l’histoire vie (parfois traumatique) mais aussi très souvent en matière de sexualité par l’ignorance, la peur, et les mauvais apprentissages de son corps et de ses émotions.

- Alors, il l’a fait ou pas fait ?
Pour ses amis et ses proches, rien dans son comportement ne permet d’imager que cet ami, ce mari, ce père, ce collègue ait commis de tels actes. Normal.
- si les agresseurs portaient leurs actes sur leur front, cette question serait réglée depuis longtemps !
- cela fait peu de temps que nous avons commencé à croire les victimes même quand la personne qu’elles accusent est un notable, un adulte, un grand-père, un professeur bien sous tout rapport, une personnalité en vue... Le film Les Risques du Métier a fait reculer de 20 ans en France la reconnaissance des faits d’agressions sexuelles par rapport aux autres pays occidentaux !
- personne n’a du mal à les croire les victimes quand elles accusent des «pauvres gens» : l’affaire d’Outreau a été – malheureusement - exemplaire à cet égard !

Je ne sais pas s’il l’a fait ou pas. Lui, le sait. La victime le sait. L’enquête nous le dira peut-être. Car prouver ce qui s’est passé sans témoin est bien difficile. Et le doute bénéficie au « présumé innocent ».


- C’est incompréhensible
Il est beau, riche, intelligent, cultivé, bien élevé, marié à une femme merveilleuse, succesfull... et tout ! Pourquoi se taperait-il la bonne quand qu’il peut avoir toutes les femmes qu’il veut à ses pieds !

Oui : certains comportements humains peuvent être aberrants, irrationnels, et parfois monstrueux – y compris chez des personnes socialement très bien « intégrés ». Jorge BARUDY, célèbre psychiatre chilien, torturé au moment du coup d’état de Pinochet répète souvent : « J’ai une collection de petits cochons. J’aime bien les cochons : ils font de cochonneries mais ne disent pas qu’ils ne les font pas. Alors que nous, les humains, nous pouvons basculer en une seconde dans la pire des animalités... »

- L’honneur de la France ?
Le droit ne parle que de DIGNITE HUMAINE. C’est difficile à définir mais dans une agression sexuelle, c’est toujours la victime qui est atteinte dans sa dignité. Ce qui touche l’agresseur, c’est d’être pris : même s’il se sent coupable, il se rend rarement spontanément à la police– et rarement chez un thérapeute pour se soigner.

- Présomption d’innocence et évolutions du système judiciaire
Le traitement du délinquant n’a été amélioré que lorsqu’une personne célèbre s’y est trouvée confrontée : les femmes de bonne condition arrêtées dans les rafles de prostituées, un élu dont la photo est publiée dans les journaux. De la suppression des galères à la présomption d’innocence, toutes les évolutions du système pénal, nous les devons aux nantis envoyés à tort ou à raison dans nos geôles. L’humiliation, les maltraitances, le malheur qui s’abat sur la famille, tout cela n’émeut que peu de gens quand il s’agit de nos 66 000 détenus. L’affaire DSK a donc des chances de contribuer à améliorer l’état de nos prisons : Fleury Mérogis ne vaut pas mieux que Ryckers.

- Victime en droit français
Quand nous avons aboli la peine de mort, il a été créé un dispositif d’aide aux victimes car l’opinion ne comprendrait pas qu’on améliore le sort du délinquant sans améliorer celui des victimes.

30 ans plus tard, e droit des victimes laisse toujours à désirer en moyens et en droit. Et le socle de la défense du présumé innocent sera de décrébiliser celle qui l’accuse : elle n’avait pas de culotte, elle n’a pas de traces, sur sa peau noire on ne peut pas voir les bleus (c’est du vécu!), elle avait bu, provoqué, elle est mère célibataire, elle n’a pas dit non, elle fabule, elle est sans papiers... Notre système pénal oblige l’agresseur à détruire la victime : c’est sa seule chance d’éviter ou de réduire sa peine.

De ce point de vue, le plaider coupable américain est un soulagement pour les victimes : l’auteur reconnaît les faits et paye, en prison et/en dollars. Dans notre système, il a intérêt à nier tout ce qu’on n’arrive pas à lui prouver. Si la victime ne peut pas prouver qu’elle est parfaitement pure, le doute profite au présumé innocent : classement sans suite, non lieu, acquittement. Et la victime n’aura alors ni reconnaissance symbolique, ni indemnisation.

Bref, la plus pure victime d’agression sexuelle est celle qui est morte car on pardonne mal aux victimes d’horreur d’avoir survécu et de dire l’horreur.

Sexe, pouvoir et médias
Si DSK n’était pas un homme politique de portée internationale, nulle information au 20h, nul mouvement d’opinion pour le défendre car il n’aurait pas accès à la presse – ni à You Tube.

Cette vilaine affaire peut-elle servir de leçon ?
Les français découvrent la réalité d'un système pénal américain hyper répressif que nous copions à la lettre depuis 10 ans en augmentant toujours les peines, sans donner les moyens à la justice, en retirant les moyens du soin... sans organiser un vrai travail de prévention !

Il existe aujourd’hui beaucoup de travaux, beaucoup de professionnels prêts à travailler ces sujets difficiles pour améliorer les réponses aux questions d’agressions sexuelles. Qu’on les écoute un peu et qu’on leur donne les moyens d’un travail de fond sur les agresseurs. et un réel soutien aux victimes : secours, sécurité, accompagnement psychologique et juirdique, réparation.

Et donnons enfin les moyens humains et matériels pour mettre en œuvre le programme de 2 heures par trimestre de la maternelle au lycée pour l’’éducation à la vie affective et sexuelle.

8 victimes d'agressions sexuelle sur 10 ne porte pas plainte
Et si enfin, nous nous faisions un devoir de réduire ce chiffre !

Martine COSTES PELPLINSKI - 21 mai 2011
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